Contre productivité internationale

Vendredi dernier, j'ai collaboré à un séminaire agité où le cas des taxes de douane a été longtemps évoqué. Le débat s'articulait autour de ce constat : les économistes soutiennent depuis des années que les tarifs de douane sont inutiles, voire contre-productifs à moyen et long terme. Pourtant, ces impositions survivent en dépit du bon sens le plus élémentaire. Et pour une raison très simple. Primo, un montant de douane à l'égard d'une marchandise spécifique veille sur les intérêts d'un secteur déterminé, en le « protégeant ». Il est assez facile aux industries et aux dirigeants d'un domaine de s'allier pour instituer des pressions efficaces, puisqu'ils peuvent tous tomber d'accord sur le fait que la question est cruciale pour leur réussite, sur le moment à tout le moins. Pourtant quand un droit de douane est aménagé, son coût, qui conduit à une augmentation du tarif pour la clientèle, est enduré par un ensemble de citoyens bien plus considérable, qui a évidemment davantage de difficultés à oeuvrer collectivement pour se faire entendre. Par conséquent les gouvernants ménagent toujours les partis qui se sont convenablement concertés et qui font pression pour maintenir la charge des droits de douane, tout spécialement s'ils sont centralisés dans un territoire où ils peuvent influer sur les élections suivantes. Cependant même dans ces circonstances, pour quelle raison l'assistance des politiques endosse-elle le plus souvent la forme de tarifs de douane ? Cela est dû avant tout au fait que si le secteur automobile en France peine face aux importations très compétitives du Soleil Levant, il apparaît plus simple de contrarier l'arrivée des japonais par une taxe ruinant leur compétitivité. Autrement, l'administration devrait employer les impôts pour s'acquitter des subventions. Et les administrés blâment déjà suffisamment nos gouvernements d'entretenir Renault ! Un tarif de douane est donc, somme toute, généralement plus simple à réaliser au niveau politique : il semble éreinter la concurrence, et il paraît renforcer les recettes du gouvernement. A contrario, une subvention semble minimiser les recettes du pays. Et bien que nous sachions qu'un droit de douane concerne résolument les acheteurs puisqu'il augmente le tarif du produit taxé, l'administration exploite les droits de douane parce que ces derniers occasionnent moins de désagréments politiques à l'administration. Un marché de dupe pour les consommateurs. Et un véritable danger pour les industries à moyen terme : que peut-on attendre d'industries face à la mondialisation, quand elles ont appris à être assistées et protégées en permanence ? Ce séminaire était organisé par l’Agence Incentive – suivez le lien pour plus d’infos.